Le Kenya traverse ces derniers jours, une période de grande instabilité suite à l’adoption du budget 2024-25. Mardi, ce vote a provoqué une journée de chaos et de violences meurtrières, sans décourager les opposants.
Que s’est-il réellement passé ? Le mardi 25 juin 2024, des manifestations et une grève générale ont eu lieu pour contester les nouvelles taxes du budget 2024-25. La matinée a commencé calmement avec des manifestations dans plusieurs villes, mais les tensions ont augmenté l’après-midi à Nairobi, où les manifestants se dirigeaient vers le Parlement. Selon des ONG, la police a tiré à balles réelles pour disperser la foule, qui a pénétré dans le complexe parlementaire, saccageant et incendiant des bâtiments. Des pillages ont également eu lieu à Nairobi et dans d’autres villes. Aucune donnée officielle n’a été communiquée, mais au moins 13 personnes ont été tuées et 160 blessées, certaines par balles, selon des sources médicales.
Il faut savoir qu’un peu plus tôt, le 13 juin, le gouvernement avait présenté un budget incluant de nouvelles taxes. En réponse, un mouvement appelé « Occupy Parliament » a émergé sur les réseaux sociaux, mobilisant largement les jeunes. Les manifestations pacifiques des 18 et 20 juin ont attiré de nombreux Kényans. Malgré des concessions du gouvernement, les manifestants exigent le retrait total du projet de budget. « Le Président Ruto et son gouvernement ont sous-estimé l’ampleur de la colère face aux hausses d’impôts et aux conditions socio-économiques », estime Andrew Smith de Verisk Maplecroft. Élu en août 2022 pour défendre les plus modestes, le Président Ruto a augmenté l’impôt sur le revenu, les cotisations de santé et doublé la TVA sur l’essence.
Ces mesures fiscales visent à réduire la dette publique (près de 70% du PIB) et financer un budget record de 4.000 milliards de shillings (29 milliards d’euros). Le Président Ruto doit maintenant signer le budget. Mardi soir, il a déclaré que les manifestations avaient été « détournées » par des « criminels », sans préciser ses intentions. Il peut promulguer le texte ou le renvoyer au Parlement.
L’avenir du mouvement reste incertain. Une nouvelle journée de manifestations est prévue jeudi 27 juin près de State House, le palais présidentiel. Le déploiement de l’armée pourrait soit réduire les manifestations, soit entraîner une violence accrue et une extension des protestations.